ETHIQUE

Ethique, ou politique autrement
Dans une période où l'interdépendance et la multiplicité des acteurs a eu comme corollaire la déresponsabilisation de la décision publique, chacun se renvoyant la responsabilité ou cherchant à s'approprier les bonnes nouvelles, le consultant peut lui aussi avoir tendance à se fondre dans le mouvement. Au nom de l'évidence « le conseiller n'est pas le décideur » ou de l'obligation de remplir son carnet de commande, il lui est possible d'abdiquer aux impératifs de la rationalité dans l'appui apporté à ses clients. Il est confronté in fine à un arbitrage entre éthique de responsabilité et éthique de conviction (Max Weber) ; la première se préoccupe de l'action (objectif, intention, modalité de mise en œuvre) quand la seconde s'attache aux résultats et impacts de nos actes.

Ainsi sommes-nous obligés de compter avec, d'une part des moyens dont on pourrait douter, mis au service d'une bonne cause et d'autre part la possibilité de conséquences fâcheuses au nom d'une action "impeccable". Ce que nous savons cependant c'est qu'une attitude « juste » dans l'exercice de notre métier peut contribuer à renforcer l'éthique de l'action publique...






RAYONNEMENT

 Rayonnement ou la prise en compte de tout l’Homme dans le territoire. Rayonner pourrait être l’ambition de tout projet territorial. Le concept est fort, porteur d’une double perspective, la perte d’énergie par diffusion de chaleur d’une part mais aussi l’influence sur les autres par diffusion d’énergie. Cette ambition inquièterait elle ? Aussi, lui préfère-t-on des substituts comme agglomération, dont le verbe évoque un mouvement plus neutre d’unification de parties disséminées dans une masse compacte. On espère aussi devenir attractif, ou valoriser ses potentialités de carrefour ou de centralité. Rayonner, c’est comme l’évoque le pentagramme de Leonard Vinci, donner place à la totalité de l’Homme, en l’inscrivant dans les 5 éléments du vivant que sont l’esprit, la terre, l’eau, le feu et l’air. Quel projet territorial ne pourrait se reconnaitre dans une telle perspective ? Ce socle à la fois symbolique et réel permet des élargissements à toutes les fonctions d’un territoire ; en reliant chacun des éléments aux 4 autres, il se produit une force douce, symbole de quintessence, source de rayonnement. Quand les responsables locaux mettent beaucoup d’énergie à se doter d’un projet spécifique et différenciateur, nous, consultants, devrions savoir les inviter à cette simplicité première, présente dans toutes les traditions, qui dispense de se comparer, d’entrée en concurrence et qui se suffit à elle même car  prenant en compte tous les constituants de base d’un territoire et au delà les fonctions et les missions dont il est porteur.






DISCERNEMENT

"Il faut avoir une musique en soi pour faire danser le monde" Nietzsche
Comme la carte n'est pas le territoire, un rapport d'étude, un plan stratégique, même très bons ne suffisent pas à créer de la vitalité locale. Le politique détient la clé de l'intérêt général. Cette « baguette magique » lui donne accès au pouvoir de faire d'un territoire un générateur d'énergie pour tous. Plus le volume d'information progresse, plus les normes en tout genre se multiplient, plus le point aveugle s'élargit et l'art de la décision devient complexe. Le doute progresse non plus comme source de connaissance mais inhibiteur de la vision. Trop de savoir étouffe la connaissance. La « marche », la mise en mouvement des esprits, la mobilisation des énergies locales et l'oubli font jaillir le discernement et structurent les trajectoires porteuses. Pour être bon, le consultant doit être préparé à être ce guide sur ce chemin de la connaissance.






TRANVERSALITE

Ou l’art de la trame en textile
La transversalité est un croisement entre verticalité et horizontalité. Elle est au cœur des débats sur la bonne méthode pour la conduite de l’action publique. Et pourtant, cette quête est en forte contradiction avec le fonctionnement dominant au sein des territoires. Le système est organisé sur des cloisonnements verticaux (voulus ou subis ?), tant dans le fonctionnement des exécutifs que dans celui des services. Côté Etat, le préfet peut être porteur de transversalité. Cotés collectivité, le-la maire ou le-la président(e) d’un EPCI, le-la DGS ou le cabinet, sont en mesure de le faire. Les Scots, les PLU sont des opportunités  pour changer de regard. Il en est de même des fusions de commune ou d’EPCI. De fait, tout projet de territoire porte en lui cette potentialité d’ouverture. Deux conditions principales nous semblent porteuses de transversalité : une méthode d’analyse adaptée pour la conduite du diagnostic et l’élaboration de la stratégie opérationnelle avec une implication des acteurs concernés.

• L’exigence de méthode sera facilitée si l'on s'inscrit dans des  échelles de temps : court , moyen, long termes.
• Si l'on relie le sens global  ou les valeurs qui motivent le projet, les moyens techniques et financiers mobilisables et les objectifs visés.
 • Si l'on articule aussi les 3 espaces porteurs du projet : l’espace d’application du projet, l’espace de portage et celui du développement.
 
• Et si l'on mobilise des acteurs en les croisant simultanément et contradictoirement  : les élus porteurs du sens et des valeurs, les techniciens porteurs des méthodes, les usagers ou bénéficiaires qui sont la finalité du projet.

Le mode de concertation et de co-construction sont à définir en fonction du contexte et de la culture des acteurs. Il  importe de savoir accompagner les acteurs dans cette approche transversale qui est à l’opposé des pratiques quotidiennes et de leur système de performance. Parfois,il sera nécessaire de créer une structure projet dont l’ADN organisationnel et méthodologique est celui de la transversalité.